Expatrié en quarantaine
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La crise sanitaire liée au Corona virus apparue dès début 2020 en Europe a eu une répercussion sur les ressortissants francophones quand à leur mode de vie et leur équilibre socio-professionnel.
Au mieux, il a été question de rentrer dans son pays d’origine ou de rester dans le pays accueillant quand la décision ne provenait pas de l’entreprise elle-même.
Pour ceux et celles qui ont pu rester dans leur expatriation, on a pu observer deux écoles, parfois contradictoires, quant à l’appréhension du COVID-19.
Les questions majeures pour les expatriés ont été : « Comment devons nous agir face à cette pandémie?
Quel gouvernement devons nous suivre? Devons-nous respecter le confinement bien que nous puissions être dans un pays où il n’en est pas question ? »
Sur le plan psychique, la personne expatriée doit constamment jauger dans son processus identificatoire entre une identification à sa culture d’origine et celle de son pays d’adoption.
Face à l’ambivalence observée chez les expatriés francophones, nous pouvons faire l’hypothèse que, de ce double processus identificatoire, un demeure majeur.
Nous pouvons penser qu’au coeur d’une situation de crise sanitaire, cet équilibre se trouve fragilisé voir menacé car il faut prendre position en obéissant à l’injonction d’un Etat.
Il s’agit d’obéir mais aussi de construire des croyances suffisamment solides pour acter quelque chose qui se pourrait être restrictif sur le plan personnel, tel qu’être empêché dans ses mouvements.
Nous pourrions illustrer cette idée par l’existence d’un fil rouge sur lequel on se positionne et selon plusieurs variables, comme la façon dont nous nous sommes structurés, l’environnement qui nous entoure et bien d’autres, nous allons faire le choix décisif de notre gestion comportementale future avec la dimension émotionnelle que cela sous-tend.
C’est pourquoi nous pouvons observer une sorte de « copier-coller » de la part de certains expatriés, qui appliquent dans le pays d’accueil les consignes en vigueur dans leur pays d’origine et ne peuvent s’empêcher d’adopter un discours qui se veut étranger.
Quelques conseils préconisés
- Ne pas rester sans en parler si la situation créée du stress, de l’angoisse, ou réactive des troubles. Parfois il est bon de pouvoir élaborer autour de la « difficulté », sur le plan psychologique c’est une manière de se défendre et d’éviter l’apparition de symptômes tels que la somatisation ou l’envahissement psychique. Elaborer c’est aussi s’autoriser à rester en mouvement, ce qui permettra de s’adapter plus facilement à sa réalité.
- Faire un pas de côté et juger si à l’échelle du pays d’expatriation notre forme d’action a du sens et n’est pas plus restrictive qu’efficace. Cela peut être salvateur. Il est important aussi de savoir que nous avons le droit d’adapter constamment notre manière de faire et que ce n’est pas parce que l’on adopte une attitude que celle-ci nous enferme dans un mode de pensée rigide.
Besoin de soutien ?
- La dimension de l’espace-temps doit être préservée. Certes, le manque d’espace tant physique que psychique rend la situation quotidienne compliquée, mais il est possible d’organiser les choses afin de garder un rythme qui viendra border la personne dans son rapport au temps et à l’environnement. Il s’agit donc de garder des repères et de rester en mouvement pour pouvoir se réadapter plus facilement à l’après crise.
> Mettre un réveil et dissocier l’horaire du weekend des jours de la semaine.
> Ne pas tourner en boucle sur un quelconque support comme la télé, la radio et de privilégier des supports que l’on peut facilement éteindre ou fermer comme un journal.
> Faire des choses qui n’ont jamais pu être faites jusqu’à présent.
> Produire quelque chose qui aura pour but une évolution dans le temps, comme écrire une nouvelle, faire des jardinières. Cela permet de garder un rapport au temps et d’en retirer une satisfaction personnelle.
- Ne pas oublier la question du corps et savoir investir un temps pour celui-ci, comme une pratique physique, une pratique de respiration ou de la méditation, seul dans un lieu choisi et dans une limite de temps octroyée.
Karine MIQUELIS, Psychologue Clinicienne