Un avant et après COVID, vraiment?
< Retour aux articles
La crise sanitaire que nous traversons, et je parle au présent volontairement, a fait émerger une sorte de prise de conscience à laquelle émane la question majeure :
« Pourrons nous-vivre la même vie qu’avant? »
Pour beaucoup, il est clair que nous devons changer notre manière de fonctionner. Il en va de l’écosystème, de la santé mentale avec la volonté de ne plus jamais revivre ce cloisonnement physique et psychique. Il en va également d’une image ternie de l’homme se levant le matin pour aller conquérir les marchés financiers… Bref, tout un tas de fantasmes et d’états d’âmes selon les intérêts de chacun. Si cette reflexion semble légitime et de bon sens, la réalité de l’actuel nous limite dans notre capacité à nous projeter et ce, de manière adaptée.
Je m’explique.
Le Covid est une situation de crise au vu des impacts sociaux, économiques, médicaux et autres. Mais qu’en est-il de la crise psychique?
Nous y voilà. Il y a quelque chose de dysfonctionnel dont on a pas forcement pris conscience. Il va donc falloir être vigilant avant de prendre position sur l’après, car aujourd’hui l’après n’existe pas.
En psychologie, une situation de crise est bordée par un avant, un pendant et un après.
Mais la chose a retenir c’est qu’il s’agira pour certains, d’un moment où leur vulnérabilité sera affectée, ce qui pourra engendrer des conséquences dîtes traumatiques. La situation de crise comporte par définition une charge traumatique.
Peu importe l’intensité de cette charge, là n’est pas la question, le risque est que les personnes exposées à l’événement développent au travers d’un stress trop intense, non adapté, un traumatisme psychique. Si celui-ci n’est pas pris en charge le risque est de développer un PTSD.
Donc ce qui permet de traiter le traumatisme et d’éviter que ça se pathologise est la prise en charge immédiate ou différée de l’état de santé psychique. Sauf que ceci est possible parce qu’un événement a toujours un début et une fin et que la prise en charge prend sens à partir du moment où elle est mise en place à un instant T.
En gros la prise en charge a besoin elle aussi de repères!
C’est sur ce point que j’insiste, car il est difficile de penser un après et de s’adapter à notre environnement si on ne sait pas à partir d’où et de quand on peut le penser.
Il faut savoir se protéger physiquement avec les masques, gants, produits sanitaires ou même par la distanciation mais essayons de ne pas sauter pieds et poings liés dans des exigences qui nous dépassent. Protégeons nous également sur le plan psychique et laissons nous vivre cette période au fur et à mesure de son évolution sans anticiper un scénario dont on ne peut encore faire l’experience.
Comprenez de cet écrit que ce que nous traversons est assez exceptionnel, non pas seulement par son contenu mais avant tout par la façon dont cette situation se présente.
Quelques conseils préconisés
- Concentrez-vous sur ce que vous pouvez contrôler et sur votre adaptation quotidienne face à la menace d’expansion du Corona. N’essayer pas de sauter les étapes et de trop fantasmer sur ce que sera le monde après, même avec toute la bonne volonté du monde, cette expérience nous apprend que les choses de la vie peuvent prendre une tournure soudaine sans avoir eu un temps pour les penser
- Soyez indulgent et adopter un comportement plus responsable est une bonne chose, soyez déjà content de la plus petite avancée personnelle, ne cherchez pas le changement extreme, assurez vos fondations.
Besoin de soutien ?
- Sachez que votre discours face à la situation dite exceptionnelle a le droit de changer et d’évoluer en fonction de la façon dont vous êtes impacté. La liberté d’expression est salvatrice!
- Ne tournez pas en boucle, sachez apprécier la horde de sujets exploitables et passionnants qui existent toujours dans notre réalité sociale.Pour le reste, nous verrons plus tard…
Karine MIQUELIS, Psychologue Clinicienne